Impression 3D

Impression 3D

Rédaction Publié le 1/22/2018

Imaginez un dîner avec douze convives, se déroulant simultanément à Barcelone et à New York, où tout est imprimé, de la vaisselle aux couverts, jusqu’aux plats du menu. Ou encore, la mélodie d’un violon, réplique d’un Stradivarius grâce à l’impression 3D. Aussi incroyable que cela puisse paraître, tout ceci est déjà bien réel.

Photo : avec l’aimable autorisation de Natural Machines by Food Ink, assiette de guacamole

Ces derniers temps, on ne cesse d’entendre que la technologie 3D est l’une des inventions les plus révolutionnaires du XXIe siècle. De fait, étant donné tout ce que l’impression 3D peut réaliser, il est tout à fait sensé d’affirmer qu’il s’agit de la plus grande invention de ces dernières décennies.

La médecine, la mode, l’art, la gastronomie ou l’architecture sont quelques-unes des disciplines qui ont succombé à ses capacités. En effet, qui aurait, par exemple, imaginé il y a 20 ans que cette technologie permettrait de créer une prothèse de main pour moins de 100 dollars ? Cette avancée est désormais possible. Daniel Omar, un jeune soudanais de 12 ans qui avait perdu les deux bras pendant la guerre, a ainsi pu bénéficier de l’impression 3D pour retrouver sa mobilité grâce au projet Not Impossible. Bien que les mouvements de la prothèse soient très basiques, cette dernière présente l’avantage d’être actionnée de façon mécanique. Elle ne nécessite donc aucune chirurgie et ne dépend pas d’une batterie ou d’un moteur pour fonctionner, ce qui permet de réduire son coût et les frais d’entretien. 

Ceci n’est que le commencement. En effet, selon certains, l’impression 3D constitue une troisième révolution industrielle. Mais pour quelles raisons ? Tout d’abord, examinons ce qu’est l’impression 3D. Cette technique consiste à créer un objet physique à partir d’une archive modélisée de façon numérique dans un ordinateur. Pour cela, des logiciels de modélisation 3D spécifiques sont utilisés, les plus courants étant Blender, Photoshop, ZBrush, Maya, Rhino et 3D Max, entre autres. Une fois le graphisme à créer obtenu, il faut ensuite imprimer la pièce avec l’imprimante et le matériel appropriés. Traditionnellement, ce type de technologie s’est associé à l’impression plastique. Toutefois, il existe aujourd’hui une vaste palette de matériaux disponibles, selon l’usage qui sera fait de cet objet 3D. Cela s’étend des thermoplastiques ou des poudres métalliques à la céramique, en passant par les matières premières à base d’aliments tels que le chocolat ou le brocoli. Les possibilités sont désormais infinies.

Photo : avec l’aimable autorisation de Natural Machines. Imprimante Foodini dans un restaurant

Dans la gastronomie, par exemple, nous voyons à quel point l’impression 3D permet des créations sans limite. Une des initiatives les plus marquantes en la matière est celle de Food Ink, premier restaurant de cuisine imprimée créé à Londres. Il s’agit d’une expérience gastronomique unique dans laquelle tous les plats, ustensiles et meubles sont intégralement produits au moyen de l’impression 3D, dans un espace immersif et futuriste. Food Ink propose plusieurs dîners pop-up conceptuels dans lesquels la cuisine raffinée se combine à l’art, à la philosophie et aux technologies de demain.

Photo : avec l’aimable autorisation de Natural Machines. Food Ink, salade de crevettes

En Espagne, le chef cuisinier Paco Morales, une étoile au guide Michelin et connu sous le nom de « chef technologique », exploite cette même veine. Selon lui, l’impression 3D ouvre un large champ des possibles dans la présentation des plats, permettant de rompre avec la monotonie, pour des plats plus attrayants. Le chef participe au projet Digital Gastronomy, qui, en 2014, a organisé un dîner pour douze convives, se déroulant simultanément à Barcelone et à New York, où tout était imprimé, de la vaisselle aux couverts, jusqu’aux plats du menu.

Bien que cela semble résulter de la folie créative d’un chef cuisinier, ces idées se rapprochent chaque fois davantage de n’importe quel foyer. Ainsi, comme cela fut le cas pour le micro-ondes ou le Thermomix, il existe une nouvelle génération d’appareils d’électroménager qui associent technologie numérique et 3D, repas, art et graphisme, comme les marques ByFlow et Foodinirespectivement des Pays-Bas et d’Espagne.

Photo : avec l’aimable autorisation de Hova Labs. Hovalin, Open Source, 3D printable acoustic violin v3.1.0.

On ne peut pas ne pas parler du domaine de l’art. Celui-ci présente une multitude d’initiatives, depuis un concert avec une réplique d’un Stradivarius qu’il est possible d’imprimer soi-même chez soi par le biais d’une licence Creative Commons pour seulement 70 dollars, comme le propose la marque Hovalin, jusqu’à la reproduction des œuvres de Banksy en 3D et en couleur.

Une des initiatives les plus intéressantes est celle de l’artiste néerlandais Michiel Van der Kley, auteur de Project Egg, considérée comme la première œuvre d’art collaborative en 3D. Cette sculpture spectaculaire est composée de plus de 4 500 pièces uniques imprimées en 3D par des personnes de différents pays tels que les États-Unis, le Portugal et l’Australie.

Photo : avec l’aimable autorisation de Michiel van der Kley, exposition de Project Egg à Eindhoven durant la Dutch Design Week 2014

Ces quelques lignes ne présentent qu’une petite partie de la capacité de transformation de l’impression 3D. Ce qui est notable dans les exemples mentionnés, c’est l’accessibilité de la révolution 3D non seulement pour l’industrie, mais aussi pour les individus, auxquels elle permet de créer n’importe quelle chose, favorisant ainsi l’essor du mouvement maker et la décentralisation de la production. Une révolution pour imprimer le monde, et dont il reste encore beaucoup à découvrir.