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En 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale, paraît à New York un petit livre qui ressemble à un conte pour enfants, avec une couverture représentant un enfant aux cheveux blonds sur un étrange astéroïde fleuri flottant dans l’espace. C’est cette image poétique qui a fait connaître au monde entier Le Petit Prince, l’une des histoires les plus réussies jamais écrites.
Le Petit Prince est l’un des livres les plus vendus de tous les temps, avec plus de 200 millions d’exemplaires vendus et des traductions dans 190 langues différentes, et au fil du temps, il s’est avéré être bien plus qu’un simple conte pour enfants.
Aujourd’hui, nous aimerions vous raconter l’épopée de ce livre. Écrit et illustré par Antoine de Saint-Exupéry, pilote de ligne mort dans le ciel du sud de la France un an après la sortie de son chef-d’œuvre miniature, il est devenu en 80 ans une icône de l’édition, voyageant dans des pays lointains et arborant de nombreuses couvertures étonnantes.
Attachez vos ceintures et préparez-vous au décollage !
La première couverture très populaire du Petit Prince
Si vous cherchez une couverture qui résume parfaitement le ton du livre dès sa première édition, celle du Petit Prince n’est pas en reste. L’aquarelle pâle peinte par Antoine de Saint-Exupéry lui-même qui figure sur la couverture de la première édition en 1943 représente le personnage principal debout sur sa planète, l’astéroïde B-612, au milieu de l’espace.
C’est certainement la représentation parfaite de ce conte de fées moderne et poétique.
Nous vous proposons deux informations insolites sur l’édition originale du Petit Prince. Tout d’abord, Antoine de Saint-Exupéry fait partie de ces rares auteurs qui ont illustré leurs propres livres, y compris la couverture (un autre exemple, comme nous l’avons vu, est celui de J.R.R. Tolkein et du Seigneur des Anneaux). D’autre part, saviez-vous que l’édition française du Petit Prince n’a pas été la première à être publiée, bien que l’auteur soit français et ne parle pas beaucoup l’anglais ? Le livre a d’abord été publié aux États-Unis par les éditions Reynal & Hitchcock, basées à New York, en 1943. L’auteur s’était réfugié à Long Island en 1940, fuyant la France occupée par les nazis.
Le Petit Prince à la peau noire
Les illustrations d’Antoine de Saint-Exupéry font partie intégrante de son livre. C’est pourquoi, malgré les nombreuses éditions et traductions publiées depuis 1943, peu d’éditeurs se sont éloignés de la première couverture emblématique.
Il existe cependant des exceptions intéressantes, parfois avec un seul détail modifié. C’est le cas de la couverture d’une édition du Petit Prince publiée par un éditeur malien, les Editions Jamana de Bamako, où le Petit Prince a changé de couleur de peau – noire – alors que ses cheveux sont restés blonds. Les autres éléments emblématiques de la couverture sont restés les mêmes : l’astéroïde-planète B-612, les fleurs et l’espace étoilé, mais ils ont été redessinés dans un nouveau style attrayant.
Le résultat est sans aucun doute une couverture très réussie : un petit bijou rare.
La couverture avec un chien au lieu d’un renard
Un autre exemple d’un détail qui suffit à rafraîchir la couverture est une adaptation costaricienne de 2022, publiée par l’Editorial 192.
Ici, sur la couverture – et dans la suite de l’histoire – le renard apprivoisé par le Petit Prince devient un chien errant, ou zaguate dans la langue locale, un animal commun à tout le Costa Rica et qui fait partie de la vie quotidienne des enfants et des adultes.
La couverture en tissu à motifs de Coralie Bickford-Smith
L’une des couvertures du Petit Prince qui n’a rien à voir avec la version originale est celle créée par Coralie Bickford-Smith, designer de renom, pour Penguin.
Cette couverture fait partie d’une série spéciale de livres reliés en tissu célébrant 85 classiques de la littérature, dont le conte de fées moderne d’Antoine de Saint-Exupéry. Lors de la création de la nouvelle couverture, l’illustrateur et designer britannique a rendu hommage à l’illustration originale en y incorporant certains de ses éléments très modernes.
Les étoiles et les planètes de la version originale sont devenues un magnifique motif contemporain, bleu sur fond jaune.
Deux raretés, les éditions : bosniaque et éthiopienne
Deux autres couvertures qui ont réussi à réinventer la couverture originale tout en conservant ses éléments clés proviennent de deux endroits éloignés : l’édition bosniaque, publiée à Sarajevo en 1958, et l’édition en amharique, la langue officielle de l’Éthiopie, publiée en 1978.
La couverture avec la citation du philosophe existentialiste
Malgré son apparence, le Petit Prince ne peut pas vraiment être considéré comme un livre pour enfants. Cette classification lui a d’ailleurs posé quelques problèmes lors de sa sortie : la première édition américaine n’a pas connu un succès fulgurant, en partie parce qu’elle a été d’emblée étiquetée comme étant destinée aux enfants.
Pour contourner ce problème, la maison d’édition allemande Karl Rauch a décidé en 1950 d’imprimer sur la couverture l’opinion du célèbre philosophe existentialiste Martin Heidegger, en l’accompagnant de l’avertissement suivant : “Ceci n’est pas un livre pour enfants“, suivi de “Ceci est le message d’un grand poète qui nous libère de notre solitude terrestre et nous rapproche de la résolution des grands mystères du monde”.
Il n’y a pas plus clair que cela !
La couverture de l’édition bilingue sibérienne
Tout comme le biplan de son auteur, Le Petit Prince a atteint les endroits les plus reculés de la planète. En témoigne cette rare édition bilingue, en russe et en évène, une langue toungouse parlée en Sibérie, notamment dans la région très isolée de Sakha.
L’évène n’est parlée que par un peu plus de 5 000 personnes. Il est donc étonnant que cette édition presque introuvable du Petit Prince, publiée en 2013 par Dikiy Sever, ait pu être imprimée ! La couverture est encore plus étonnante (sans jeu de mots) : elle est ornée d’illustrations qui reflètent la culture et l’esthétique des habitants de cette région de l’extrême est de la Russie. La couverture et les illustrations intérieures ont été réalisées par l’artiste russe Vyacheslav Fentyajev.
L’édition en symboles, accessible à tous les enfants
Nous terminerons par une belle version du chef-d’œuvre de Saint-Exupéry : une adaptation, publiée en 2017 par l’éditeur italien Erickson, qui réécrit Le Petit Prince en symboles Widgit (WLS).
Le WLS est un langage conçu pour être lu par les personnes autistes ou souffrant de troubles de la communication, ce qui fait du Petit Prince un chef-d’œuvre encore plus universel.
Quelle est votre couverture préférée du Petit Prince ? Y en a-t-il d’autres – rares, insolites ou simplement belles – que vous aimeriez partager avec nous ?