Typographies pour tatouages

Typographies pour tatouages

Anabel Herrera Publié le 12/15/2018

Il n’a que 26 ans, mais cela fait déjà neuf ans qu’il tatoue. C’est adolescent, en entrant pour la première fois dans un salon de tatouage, dans son Brésil natal, qu’Emerson Ventura su tout de suite que cela allait devenir son modus vivendi. À partir de ce moment-là, et ayant déjà réalisé des graffitis, il commença à dessiner compulsivement, jusqu’à ce qu’à 17 ans, il tatoue le mot « végan » sur un ami qui se proposa comme cobaye. « J’avais très peur », se souvient-il.

Aujourd’hui, Emerson travaille dans le prestigieux salon Family Art Tattoo, à Barcelone, où il réalise des tatouages impressionnants marqués par l’influence de la peinture tibétaine. Se faire tatouer n’est pas un acte anodin, car les symboles, les dessins et les lettres sur la peau rappellent, pour toujours, une personne (peut-être un membre de la famille ou un ami) ou encore un moment particulier qui a eu un impact profond pour ceux qui les portent.

Concernant les lettres, bien qu’il soit important de penser au mot ou au message, il porte une attention grandissante à l’esthétique typographique. Qu’il s’agisse de lettres orientales, gothiques, arabes, calligraphiques, géométriques, avec des formes ou des chiffres romains, le fait est que la forme, l’épaisseur, la taille ou la couleur sont des aspects importants à prendre en compte au moment de se faire tatouer, et qui peuvent transformer le texte sur la peau en une véritable œuvre d’art.

Internet, bien évidemment, peut être une grande source d’inspiration lorsqu’il s’agit de choisir une typographie pour un tatouage. Dans certaines pages Web, comme Dafont ou Conversordeletras, l’utilisateur peut plonger dans des milliers de typographies classées par style. Une fois son choix effectué, il peut faire un essai d’écriture du mot ou de la phrase à tatouer, en choisissant aussi la taille, pour se faire une idée du résultat. Ces sites sont gratuits, mais si vous voulez contribuer au travail des graphistes, il est possible, sur des pages comme MyFont, de télécharger des sources à partir d’un prix plutôt bon marché, et sur 1001 Free Fonts, vous pouvez faire un don. Une troisième possibilité serait de recourir à un concepteur de lettrages pour tatouages, bien qu’en réalité, n’importe quelle typographie peut être tatouée tant qu’elle respecte un minimum de normes esthétiques.

Se rendre à un salon de tatouage avec la typographie choisie serait un premier pas, mais il ne fait aucun doute que le mieux à même de conseiller dans un second temps serait le tatoueur en personne. « J’ai toujours proposé mes lettres manuscrites parce que j’aime les lettres écrites à la main, mais il y a des gens qui viennent avec une source spécifique en tête. Ils me demandent de réaliser des lettres de machine à écrire ou de copier l’écriture d’un membre de la famille, par exemple. Je m’adapte alors, à condition qu’il y ait une cohérence esthétique », explique Emerson. Sa typographie est de style classique, cursive, et c’est précisément la plus demandée de nos jours, comme il nous l’indique. Dans tous les cas, il recommande de respecter une taille minimale car sinon, le tatouage peut se transformer en grande tache au fil du temps. Et attention ! Il ne faut pas faire de fautes d’orthographe, qui resteraient pour toujours sur le corps.

Une fois définies la typographie et la zone du corps à tatouer, il est temps d’imprimer le dessin, retouché par ordinateur, afin de transférer le dessin à la peau par l’introduction de pigments. Malgré les progrès réalisés (la machine utilisée pour tatouer est désormais très précise et les matériaux sont de meilleure qualité), dessiner des lettres sur une toile qui, dans ce cas, serait le plus grand organe du corps humain, « semble simple, alors que ça ne l’est pas, car comme il s’agit d’une ligne, cela nécessite une grande technique pour la rendre parfaite ». Il faut gérer un outil qui vibre, calculer les millimètres exacts et faire preuve d’une grande dextérité pour ne pas faire de flaque avec l’encre. « Il y a beaucoup de choses à gérer à la fois. Je compare cela à la conduite : au début, c’est stressant, mais après, cela devient plus mécanique », affirme le tatoueur brésilien.

Mécanique ou pas, ce qui est sûr, c’est que, en regardant le résultat, nous ne pouvons qu’être émerveillés par l’habileté des tatoueurs lorsqu’il s’agit de réaliser des mots et des messages traités comme de petites œuvres d’art, qui resteront pour toujours .