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Généralement utilisé comme support pour la peinture, le dessin, l’écriture ou l’impression, le papier est un protagoniste de choix, grâce à sa spécificité de fabrication, sa légèreté et sa polyvalence.
Ces dernières années, plusieurs musées, institutions et artistes ont mis le potentiel du papier à l’honneur. Dans cet article, nous vous présentons quatre exemples célèbres d’expositions, installations et œuvres d’art mettant le papier au premier plan.
Emmanuelle Moureaux, 100 colors no.1
Tokyo, 2013
L’architecte française Emmanuelle Moureaux vit depuis des années à Tokyo, une ville aux couleurs et aux superpositions ayant profondément inspiré son travail. La philosophie de la plupart des œuvres d’E. Moureaux repose sur le “shikiri”, un concept qu’elle a elle-même développé et qui signifie littéralement “diviser (créer) l’espace en utilisant la couleur”. En effet, l’artiste utilise les couleurs, souvent sous forme de papier, comme des éléments en trois dimensions lui permettant de créer des espaces, et pas seulement comme de simples décorations rajoutées.
Pour la Shinjuku Creators, un festival d’art qui s’est tenu à Tokyo en 2013, Emmanuelle Moureaux a créé une surprenante installation intitulée “100 colors” (la première d’une série d’exploration utilisant les couleurs), entièrement réalisée en papier. Les 100 nuances de couleurs dégradées sur 840 feuilles de papier reliées par des fils créent une sorte d’arc-en-ciel suspendu dans la salle. Exposée à l’occasion du dixième anniversaire du studio, cette installation célèbre la beauté des couleurs et l’émotion suscitée par le fait d’en être entouré en permanence dans les rues de Tokyo.
Pure Pulp: Contemporary Artists Working in Paper at Dieu Donné
Dieu Donné, New York
Du 9 juin au 5 août 2016
Du 8 septembre au 16 octobre 2016
Dieu Donné est une association culturelle à but non lucratif basée à New York, dont la tâche est de promouvoir les œuvres d’artistes confirmés ou débutants réalisées à l’aide de papier artisanal. Cette association encourage l’utilisation, en milieu artistique, de matériaux comme le lin, le coton, les pigments, l’eau et la méthylcellulose pour la fabrication du papier. Dans les œuvres produites, le papier n’est pas tant considéré comme un support, mais plutôt comme un moyen artistique.
Organisée en 2016 à de nombreux endroits, l’exposition Pure Pulp regroupait des œuvres variées réalisées par 20 artistes ayant participé aux programmes internes de l’association au cours des 15 dernières années ; parmi eux, Jim Hodges, Arlene Schechet, William Kentridge, Ursula Von Rydingsvard et Do Ho Suh. La plupart des participants n’étaient pas connus pour leurs travaux à base de papier, mais ils ont vu dans cette initiative la possibilité d’utiliser un nouveau moyen d’expression pour élargir leur pratique. Ces œuvres aux dimensions et aux formats variés (ébauches, tableaux, sculptures…) avaient pour point commun leur réalisation en pulpe de cellulose.
Pure Pulp: Contemporary Artists Working in Paper at Dieu Donné. Photographie de John Bentham, avec l’aimable autorisation de Dieu Donné, New York
Kumi Yamashita, Origami
American Express, New York, 2011
Au premier coup d’œil, l’œuvre de l’artiste new-yorkaise Kumi Yamashita peut ressembler à une élégante série de post-it colorés soigneusement disposée sur un mur blanc, mais en regardant plus attentivement, on découvre un échantillonnage tout à fait fascinant de profils humains, tous différents les uns des autres.
Cette œuvre réalisée en 2011 à la demande d’American Express était destinée au hall d’entrée de leurs bureaux de New York.
Comme son titre l’indique, cette création a été réalisée avec du papier origami, plié et installé méticuleusement à la main par l’artiste afin de reproduire l’ombre des profils de 22 employés de l’entreprise, tandis qu’une source de lumière placée sur le côté permet d’éclairer et de projeter les différentes ombres sur le mur.
La magie du travail de Kumi Yamashita réside dans la simplicité du matériau de départ, un simple bout de papier, qui peut revêtir un nombre presque infini de formes, comme une métaphore de la nature humaine.
Supermarket of the Dead
Collections nationales de Dresde
Du 14 mars au 14 juin 2015
Supermarket of the Dead est une exposition qui s’est tenue aux Collections nationales de Dresde en 2015. Le thème de cette exposition tourne autour d’une tradition chinoise ancestrale encore pratiquée aujourd’hui consistant à brûler des reproductions en papier de biens ou d’argent en guise d’offrandes aux ancêtres, aux dieux et aux esprits. En effet, selon la tradition, au moment de son départ, le défunt quitte la Terre sans possessions matérielles, que ses proches doivent alors lui fournir.
Supermarket of the Dead montre la présence croissante de biens de luxe et d’objets de grande consommation typiquement occidentaux dans les artéfacts vendus pour être brûlés. Sacs à main Gucci, chaussures Prada, iPhones, cigarettes et voitures à l’échelle font partie des objets exposés aux Collections nationales de Dresde dans leur version papier.
Ces objets éphémères sont la preuve que la société chinoise a elle aussi intégré l’obsession occidentale pour les marques et les biens matériels en les associant à une tradition millénaire.