“I will always love you”: L’amour éternel n’existe pas

“I will always love you”: L’amour éternel n’existe pas

Anabel Herrera Publié le 1/22/2019

Lorsqu’en 1964, le manager des Rolling Stones tombe sous le charme de Marianne Faithfull à l’occasion d’une fête, c’est une adolescente londonienne à l’allure innocente, issue d’une famille aristocratique. Cette même année, la jeune femme interprète « As tears go by », écrite par Keith Richards et Mick Jagger, avec qui elle débute bientôt une relation. C’est à partir de là que son déclin commence. Ce sont les rebelles des années 60, lorsque l’alcool et la consommation de drogues étaient à l’ordre du jour dans les cercles londoniens. Une fois, lors d’une fête donnée dans la maison de Keith Richards, la police surprend les invités en possession de LSD. Parmi eux se trouve une femme, nue dans un tapis en peau de lapin. C’est Marianne.

Marianne Faithfull & Mick Jagger. Credits: “I will always love you”, Marisa Morea, Lunwerg Editores (2018)

La relation, qui donne lieu à un avortement, de nombreuses infidélités et même une tentative de suicide de l’actrice et chanteuse, dure quatre ans. Elle nous a laissé quelques chansons mythiques des Rolling Stones, comme « Sympathy for the Devil », inspiré par « Le maître et Marguerite », un livre de Mijaíl Bulgákov que Marianne avait offert à Mike Jagger, ou « Wild Horses », dans laquelle le chanteur explique la fin de leur relation.

Lindsey Buckinham & Stevie Nicks. Credits: “I will always love you”, Marisa Morea, Lunwerg Editores (2018)

L’histoire d’amour entre Marianne Faithfull et Mick Jagger est l’une des romances mises en lumière dans « I will always love you ». Le livre, de l’illustratrice Marisa Morea (1982), prend comme point de départ les grandes histoires d’amour dans le monde de la musique pour nous parler d’albums et de chansons qui ont marqué l’imaginaire musical de plusieurs générations. Des histoires comme celle de Jane Birkin et Serge Gainsbourg, qui a donné le « Je t’aime…moi non plus », un des thèmes les plus sensuels de tous les temps ; la relation de John Lennon et Yoko Ono, qui a donné l’hymne « Imagine » ; « L’été de l’amour », au cours duquel eu lieu la rencontre entre Nico et Jim Morrison ; le coup de foudre entre Cher et Sonny Bono alors qu’elle n’avait que 16 ans, dont le titre « I Got You Babe » a lancé le début de leur gloire ; Tina Turner, dont la relation avec Ike Turner a été marquée par la violence ; ou même le triangle amoureux de Leonard Cohen, Joni Mitchell et Graham Nash. Toutes ces histoires sont agrémentées par la touche personnelle en couleurs de l’illustratrice, qui a travaillé cette œuvre à partir de dessins d’abord réalisés à la main, puis scannés et définis numériquement.

Nico. “I will always love you”, Marisa Morea, Lunwerg Editores (2018)

« L’idée du livre est née de ma passion pour la musique et de mon amour pour l’illustration », a indiqué Marisa Morea, qui se définit comme une personne curieuse et grande consommatrice de musique, documentaires et biographies de chanteurs, entre autres. L’éditeur lui a donné carte blanche pour illustrer le thème qui lui plairait et elle n’a pas hésité à verser toutes ses connaissances dans les 21 chapitres qui composent « I will always love you », qui commence par une déclaration d’intention de l’auteure : « le mot « toujours » me fait peur, surtout après un « je t’aime ».

Cher. “I will always love you”, Marisa Morea, Lunwerg Editores (2018)

 » C’est pourquoi toutes les histoires jouent avec l’idée que l’amour éternel n’existe pas. « Peut-être suis-je un peu morbide, mais quand j’ai aimé une chanson, et que je me suis intéressée à l’artiste, à chaque fois, il s’est trouvé qu’il avait été amoureux d’un autre artiste et qu’ils n’étaient plus ensemble », reconnaît-elle. Toutefois, elle ajoute à la fin une sorte d’épilogue avec les couples qui, malgré le temps, sont encore ensemble, comme Gloria et Emilio Estefan, Alaska et Mario, Elvis Costello et Diana Krall ou Beyonce et Jay-Z. « Je ne voulais pas être trop pessimiste. »

June Carter & Johnny Cash. “I will always love you”, Marisa Morea, Lunwerg Editores (2018)

Marisa, qui un jour a quitté son poste de directrice artistique dans une agence de publicité pour faire de sa passion, l’illustration, son métier, illustre chaque jour des contes pour enfants, principalement, un domaine dans lequel elle a acquis une reconnaissance internationale. Aujourd’hui, par exemple, elle se consacre entièrement à une série de livres pour enfants sur l’histoire de l’humanité en collaboration avec le British Museum.

Elle intercale également des projets publicitaires destinés aux adultes. « Je crois que j’ai un style à la fois personnel et très commercial, qui cadre bien avec les enfants, car il est un peu naïf, mais aussi avec la publicité, parce que c’est une discipline avec beaucoup de couleurs. Moi, tant que je peux faire de tout, je prends tout », dit-elle convaincue. Elle a rarement l’occasion d’écrire ses propres histoires, comme elle l’a fait dans « I will always love you », et elle n’exclut pas, plus tard, de renouveler l’expérience.

“I will always love you”, Marisa Morea, Lunwerg Editores (2018)